Mais c’est quoi, cette idée de vie « off the grid », d’abord ? Les Américains en sont fous ces derniers temps, et le terme revient souvent. D’abord cantonnée à des milieux plutôt mal vus, comme les conspirationnistes et autres « patriotes » prêts à sortir les armes à la moindre occasion au nom du respect de la propriété privée, cette idée a fait son chemin chez d’autres, moins militants mais tout de même séduits par la thématique bien particulière qui entoure le concept.
The grid, à l’origine, c’est textuellement « la grille », au sens premier de « power grid », c’est-à-dire le réseau électrique. Vivre off, c’est donc faire sans, dans un but d’autonomie, d’autogestion mais aussi, de plus en plus, dans un souci d’écologie. De la grille énergétique originelle, certains sont allés bien plus loin pour refuser tout « quadrillage » susceptible d’identifier consommateurs et habitudes de consommation – voyez les peurs cristallisées récemment autour des compteurs Linky, par exemple, accusés de tous les maux. Hors réseau électrique et hors réseaux informatiques, également : c’est ainsi que vivent ces pionniers de l’autonomie, avec dans ce dernier domaine un souci constant d’anonymisation et de liberté de circulation de l’information impliquant l’usage de moyens de masquer les connexions et recherches.
Cet article, néanmoins, n’a pas vocation à devenir un cours sur le « darknet », qui déborde largement du sujet. Sachez juste que, si certains cherchent à tout prix à se déconnecter des gros fournisseurs de données privées, d’autres recherchent simplement l’économie, l’efficacité et l’autonomie énergétique.
En 2014, seuls 5,7 % de l’électricité française, DOM compris, provenait de panneaux photovoltaïques et autres énergies renouvelables (chiffres EDF). Elles-mêmes ne représentent encore que 5 % environ de la production mondiale : l’effort à fournir pour se passer du nucléaire mais surtout du fossile (67 % de l’électricité mondiale) est donc énorme, mais on progresse de jour en jour.
En France, la possibilité de se déconnecter du réseau électrique est pour ainsi dire inexistante, et finalement assez peu intéressante. ERDF détient toujours le monopole de fait de la distribution électrique, et travailler avec ce partenaire historique présente nombre d’avantages, dont des subventions et déductions d’impôts non négligeables mais aussi et plus simplement, pour les plus gros producteurs, une rémunération régulière pouvant rentabiliser, à long terme, un gros investissement en équipement.
Prenons ainsi l’exemple de la cuverie Taccard à Corgoloin, en Côte-d’Or, qui a équipé son nouveau bâtiment de plusieurs centaines de m² de photovoltaïque : entre subventions et retombées directes liées à la revente, le banquier partenaire n’a fait aucune difficulté pour accorder un crédit d’un montant pourtant significatif. Ainsi, l’idée même d’inclure le photovoltaïque dans un projet d’achat de neuf ou de rénovation de maison peut changer la donne au niveau financier. C’est désormais une donnée à prendre en compte. Autrefois anecdotique et à la gestion complexe, le volet « énergie verte » et autonomie de votre nouveau logement ou projet de rénovation ne peut plus être totalement mis de côté, tant pour les particuliers que pour les professionnels.
Que vous ayez déjà un bien immobilier sous la main ou que vous soyez en recherche active d’une maison à acheter en France, n’oubliez pas que les sources d’information sont nombreuses : Région, commune, distributeur d’énergie… vous aurez l’embarras du choix pour constituer un dossier solide, qui pourra faire pencher la balance en votre faveur au moment d’une négociation.
Par Julien Roturier.